Voyage d’étude sessions 2020 et 2021 du Master Sécurité nationale du CHEDS
CHEDS2022-01-07T10:11:53+00:00I – DEROULEMENT GENERAL DU VOYAGE D’ETUDE
La délégation du Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité du Sénégal, conduite par le général de brigade Mbaye CISSE, Directeur général du CHEDS, dès son arrivée à Niamey, le mardi 06 juillet 2021 vers 17H00, a démarré ses activités le lendemain, mercredi 07 juillet 2021 à 09H00, par une visite de courtoisie à l’Ambassadeur du Sénégal en République du Niger. Son Excellence, Monsieur Paul Benoît SARR a immédiatement saisi l’occasion pour adresser les remerciements à la délégation, tout en se réjouissant du rôle important que jouent les Forces armées sénégalaises dans le maintien de la paix dans le monde, particulièrement au sein de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations pour la paix et la stabilité du sahel (MINUSMA).
La délégation a ensuite visité, le même jour à partir de 09H30, le Centre national des Etudes stratégiques et sécuritaires (CNESS) qui, en raison de l’exigüité de ses locaux, a reçu les auditeurs dans l’Auditorium du Ministère des Affaires Etrangères du Niger pour la circonstance. Après les allocutions d’usage, prononcées respectivement par le Colonel-Major Mahamadou Saidou MAGAGI, Directeur général du CNESS et le général de brigade Mbaye CISSE, Directeur général du Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS), la délégation a bénéficié de quatre (04) présentations, portant sur : le CNESS, le CHEDS, le Master de Relations internationales : option étude de sécurité, gestion des conflits et politique de paix et sur la situation sécuritaire au Sahel.
En effet, le CNESS qui a des similitudes avec le CHEDS, est un outil d’aide à la décision. Il a été créé le 16 janvier 2015 et directement rattaché au cabinet civil de la présidence de la République. Sa vision est d’être un Centre reconnu pour sa contribution à la préservation de l’intérêt national, à la sécurité et la paix internationales, avec pour mission de mener, avec les services concernés, des analyses et des études prospectives sur les enjeux stratégiques et sécuritaires de la vie nationale et internationale. Sa devise c’est : Alerter, Eclairer, Assister.
Le Centre déroule un projet de Master en Relations internationales en partenariat avec les Universités de Louvain et de Namur de Belgique et avec l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Ce Master qui a une dimension régionale, porte sur des modules variés, dont le principal est axé sur l’Afrique et le Niger. Ces modules permettent aux auditeurs une bonne compréhension de la politique étrangère des Etats et une parfaite maitrise des enjeux sécuritaires dans la zone sahélo-saharienne.
L’exposé du Directeur général du CNESS a porté sur l’insécurité au Sahel. Après avoir souligné le contexte sécuritaire sahélien, marqué par la présence de plusieurs groupes djihadistes dont : le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), Al Qaida au Magrehb Islamique (AQMI), le MUJAO, Ansar Eddine, Al Murabitun etc, il a énuméré les enjeux de cette crise au plan national et international et ses effets collatéraux sur le développement économique et social, avant de dresser les causes et les réponses à apporter face à la situation. Selon le présentateur, les causes de la crise au sahel sont surtout liées aux facteurs structurels et conjoncturels, auxquels sont venus s’ajouter l’émergence et la multiplicité des groupes terroristes. Pour y faire face, des réponses globales et intégrées sont envisagées avec une forte mobilisation de la société civile.
Dans l’après-midi du 07 juillet 2021, la délégation a visité la Direction générale de la Police nationale, particulièrement le Service Central de la Lutte Contre le Terrorisme et la Criminalité Transfrontalière Organisée (SCLCT/CTO) pour subir un briefing sur l’expérience du Niger en matière de lutte antiterroriste.
En effet le SCLCT/CTO a été créé en 2011. Sa mission est de recueillir, centraliser, analyser, évaluer et exploiter les renseignements et les informations, dans le but de réprimer le terrorisme, le financement du terrorisme et la criminalité transfrontalière sous toutes ses formes, en collaboration avec les autres services concernés. Cette structure qui fait partie intégrante de la Direction générale de la police est en outre chargée de coordonner, diriger et traiter l’ensemble des enquêtes relatives à la lutte contre le terrorisme et son financement sur l’ensemble du territoire national.
Quant à l’expérience du Niger en matière de lutte contre le terrorisme , elle repose sur trois (03) leviers à savoir, le renforcement du cadre juridique par une série de réformes entreprises, le renforcement du cadre institutionnel avec la création des divisions spéciales chargées des investigations, la création des centres de réflexion stratégique à l’image du CNESS et la mise en place d’un Comité national de coordination en matière de lutte contre le terrorisme et le renforcement du cadre opérationnel qui se traduit par : l’instauration d’un couvre-feu dans les zones affectées, l’élaboration d’un plan de riposte antiterroriste, le renforcement des capacités des FEDS, l’opérationnalisation des bataillons, la création de nouvelles unités spéciales de lutte contre le terrorisme et le maillage sécuritaire du pays etc.
La matinée du jeudi 08 juillet 2021 a été consacrée à la visite de l’Etat-Major des Armées nigériennes. L’exposé a porté sur la situation sécuritaire au Niger. L’officier chargé de la présentation a axé sa présentation sur l’organisation des Forces Armées nigériennes (FAN), ses missions, les défis sécuritaires actuels, les réponses apportées et la vision stratégique du Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA).
Les défis sont relatifs à l’émergence des groupes terroristes au Sahel, à la criminalité transfrontalière organisée, à la migration irrégulière, aux tensions et conflits communautaires, et au trafic illicite de tout genre. Face à cette situation, les réponses apportées sont à dominante militaire et socio-économique, que ce soit au niveau national, régional et international. La réponse militaire privilégiée depuis le sommet de Pau de janvier 2020 a été efficace et a donné des résultats probants sur le terrain. Les FAN se sont fixées des priorités et ont amélioré leurs stratégies par la coordination avec ses partenaires stratégiques et sous régionaux.
Toujours dans le cadre militaire, la vision du CEMA qui a été présentée à la délégation, est basée sur une approche intégrée et coordonnée des actions pour éradiquer la menace des groupes terroristes. Elle s’appuie sur 4 piliers : lutte contre les Groupes Armés Terroristes, le renforcement des capacités des forces armées nigériennes, la contribution militaire au retour de l’Etat et des administrations sur l’ensemble du territoire nationale et la participation des Armées aux initiatives d’aide au développement.
Toutefois, les FAN reconnaissent leurs limites dans la mesure où, même si les différentes adaptations ont permis d’endiguer la menace, elles demeurent cependant insuffisantes pour éradiquer complètement la menace. Sur le plan militaire, les différentes adaptations ont, sans aucun doute, permis de changer la donne en infligeant de lourdes pertes à l’ennemi. Si une plus grande partie du terrain est de plus en plus sous le contrôle des FAN, celles-ci cependant n’arrivent pas jusque-là à assurer de façon permanente la sécurité des populations, à cause de l’énormité du territoire national. Elles continuent toujours à subir des violences physiques, psychologiques et économiques des GAT. C’est pourquoi une mobilisation de la société civile est nécessaire en renforcement des actions militaires pour éradiquer le mal.
Dans l’après-midi du jeudi 08 juillet 2021, la délégation a visité la Direction générale de la Protection civile (DGPC) où elle a eu un briefing sur le Centre Opérationnel d’Alerte et de Conduite de Crise (COVACC). L’officier chargé de la présentation a d’abord parlé de la création, des missions, de l’organisation et des activités menées par la Direction générale de la protection civile. Il s’est ensuite appesanti sur le Centre Opérationnel de Veille, d’Alerte et de Conduite de Crise (COVACC), qui est un outil de supervision de la veille permanente des structures de secours en vue d’anticiper l’engagement des moyens et d’aider l’autorité compétente dans la prise des décisions dans les situations des catastrophes naturelles.
Le COVACC joue un rôle de premier plan dans la gestion des catastrophes car permet non seulement d’assurer la permanence de l’analyse des risques majeurs identifiés sur le territoire national, qu’ils soient intentionnels ou accidentels, mais aussi sert à informer en permanence le Ministre de l’Intérieur, ainsi que les autres ministres concernés. Aussi le COVACC anticipe, réagit et suit l’évolution des évènements susceptibles d’affecter durablement la vie collective, en mesure si nécessaire, d’engager ou d’anticiper l’envoi de renforts significatifs dans une région touchée. La délégation a ensuite visité l’Ecole Nationale de la Protection civile. De l’avis du Directeur, cette école est l’une des rares en Afrique dans le domaine de la protection civile qui délivre un enseignement du niveau licence et Master. Il est accessible aux étudiants ressortissants de la sous-région.
La délégation s’est ensuite rendue à la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP). Le Président de la HACP, après avoir parlé de l’historique de la HACP, a décliné la stratégie de stabilisation des zones en conflits, les succès de cette stratégie et les réponses non létales permettant au Niger de régler le problème de la rébellion qui a longtemps freiné le développement économique et social du pays.
Les réponses non létales ont été orientées sur trois (03) axes, à savoir l’élimination de la discrimination sur l’étendue du territoire nationale, l’adoption des réformes institutionnelles et la promotion du développement économique. S’agissant de la discrimination, le HACP a mis l’effort d’abord, sur l’intégration des rebelles dans l’Armée et la fonction publique et ensuite sur la création des postes de chargés de missions dans les zones en conflit pour satisfaire les revendications des uns et des autres. La réforme institutionnelle a été effectuée à travers une large décentralisation et un plein pouvoir accordé aux gouverneurs et élus locaux. Par ailleurs des circonscriptions spéciales ont été accordées à ces zones pour permettre une participation inclusive aux élections législatives, communales et présidentielles. La réforme économique s’est réalisée à travers l’octroi des redevances minières aux zones affectées par l’insécurité pour leur permettre de mieux adapter leur développement économique et social à l’image de la ville d’Agadez, qui est considéré aujourd’hui comme l’une des régions les plus prospères du Niger.
La journée du vendredi 09 juillet 2021 a été consacrée à la visite à la Gendarmerie nationale et à la Garde nationale. Chaque structure a donné un briefing sur, l’organisation, les missions, les moyens et les défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés. Ces défis qui sont communs, portent sur le terrorisme, la criminalité transfrontalière organisée, la migration irrégulière et le trafic humain, le banditisme urbain, la cybercriminalité, les tensions et conflits communautaires, le trafic de tout genre.
En plus des missions traditionnelles, la Garde nationale est une force de proximité, présente sur toute l’étendue du territoire national nigérien, jusqu’aux zones les plus reculées où il n’y’a ni présence d’autorité administrative, ni présence d’aucune autre force publique.
Pour y parvenir, la garde nationale a procédé à la création de nouveaux escadrons, le renforcement des capacités humaines et matérielles et le renforcement de la coopération avec les autres FDS et les forces de la sous-région engagées dans la lutte contre le terrorisme.et la criminalité.
L’après-midi du 09 juillet a été consacrée à une visite touristique du Musée National Boubou Hama.
II – SOUTIEN LOGISTIQUE
Pour l’organisation générale du voyage, les rendez-vous individuels et collectifs avec les Directions du Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité, les services de Grand hôtel, ainsi que ceux de la compagnie de transport Al Azalai, ont été appréciés à leur juste valeur.
La Direction de l’Administration et des Finances a pris toutes les dispositions pour l’achat des billets d’avion, les réservations d’hôtel, les repas et les locations de véhicules à Dakar et à Niamey.
III- RECOMMANDATIONS
Le voyage d’étude à Niamey, Niger organisé par le Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS), du 06 au 10 juillet 2021, au profit des auditeurs des sessions 2020 et 2021 du Master Sécurité nationale, s’est bien déroulé.
L’activité qui fait partie intégrante de la formation, a permis aux auditeurs de bénéficier de l’expérience nigérienne en matière de gestion de crise majeure dans un contexte de lutte contre le terrorisme. Les auditeurs ont saisi l’occasion pour approfondir leurs connaissances sur l’organisation des Forces de Défense et de Sécurité du Niger ainsi que les réponses intégrées entreprises dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme dans le Sahel.
Afin de faciliter et de préserver le bon déroulement des prochains voyages d’étude, il serait souhaitable :
– d’envisager, en plus du soutien financier de la Présidence de la République, un partenariat avec les bailleurs de fonds ciblés pour prendre en charge le financement du voyage d’étude ;
– de budgétiser le voyage d’étude, afin d’éviter de demander aux prestataires sur place de la liquidité pour satisfaire les dépenses connexes ;
– d’exiger aux auditeurs l’élaboration d’un compte rendu de voyage d’étude. Ce qui contribuerait à améliorer les prochains rendez-vous ;
– de maintenir pour chaque voyage, le volet visite culturel.
CONCLUSION
D’une manière générale, le voyage s’est déroulé dans d’excellentes conditions. Les aspects administratifs et logistiques ont été satisfaisants et l’engagement du personnel du CHEDS est à saluer.
Les auditeurs se sont déclarés satisfaits de ce voyage et désirent garder ce souvenir et la même ambiance avec leurs collègues, même après la formation. Des mots de remerciements ont été prononcés par le Directeur général du CHEDS, aux différentes structures visitées, à l’occasion du cocktail offert par la délégation, le 09 juillet 2021 à 20 heures, en l’honneur de ses hôtes.