Apprendre des autres

Apprendre des autres

Le terrorisme et la criminalité organisée ont évolué en Afrique de l’Ouest, s’enracinant dans les fragilités des Etats et les lignes de fracture sociales. Les conséquences humanitaires sont lourdes, avec des déplacements forcés, des pertes de vies. Construire un environnement sûr pour les populations s’inscrit nécessairement dans un espace régional plus sécurisé à travers une démarche intégrée.

Mahamadou SAVADOGO, Sandrine NAMA et l’Honorable Alyu Ibrahim GEBI sont intervenus lors d’une conférence donnée au profit des auditeurs du CHEDS, le vendredi 03 mars 2023 à la Salle de conférence numéro 1 du Centre.

Ces experts étaient venus à Dakar dans le cadre du Grand Rendez-vous pour la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et centrale, organisé par UNOWAS, le DFAE et le CHEDS.

Ils ont partagé leurs expériences et leurs perceptions de l’extrémisme violent.

La région fait face à une vulnérabilité alarmante, qui résulte de problèmes tels que la gouvernance déficiente, la corruption, les capacités de prévention et de réponse insuffisantes, la porosité des frontières et la propagation des foyers insurrectionnels. Bien que les groupes d’autodéfense aient émergé comme une réponse locale à la menace terroriste, leur contribution potentielle à la violence et à l’instabilité ne peut être ignorée.

Les attaques terroristes ont initialement ciblé les services de sécurité avant de toucher les leaders locaux et les populations civiles. Des zones entières du territoire sont devenues des zones hors de l’autorité de l’État, où les groupes armés recrutent des jeunes qu’ils socialisent dans la violence pour les éloigner de leurs familles. Ces fractures sociales compliquent davantage la mobilisation de la nation pour lutter contre les groupes armés. La cohésion de la société a été mise à mal en raison de plusieurs décennies de relations tendues avec les populations.

Pour surmonter cette crise, il est impératif de mobiliser toutes les énergies disponibles, en associant les réflexions des experts à l’action sur le terrain. Des solutions adaptées à la situation, qui prennent en compte les contextes et les enjeux locaux, sont donc indispensables. Chaque mort est une mort de trop, et il est de notre devoir de protéger la population et de garantir la sécurité de tous.

La voie traditionnelle qui implique souvent une confrontation directe s’avère inefficace pour résoudre cette crise. Une approche hybride et une grande transparence sont nécessaires pour remporter la guerre. Les militaires ne sont pas suffisamment outillés pour résoudre les problèmes de gouvernance, d’injustice sociale, de justice et de pauvreté. En réalité, la solution à cette crise est non militaire à 95%. Pour y parvenir, il est important de considérer trois niveaux d’action : le cercle de la rébellion, qui doit être traité par les militaires, le crime organisé, qui doit être traité par la police et la société civile, et le crime ordinaire, qui relève également de la compétence de la police.

La relation entre le gouvernement et les populations joue un rôle crucial dans cette stratégie. Les politiques doivent jouer un rôle de passerelle entre Boko Haram et les populations grâce à un dialogue d’armistice. Ce dialogue n’est ni contradictoire ni contraire à l’islam ou aux lois. Si l’on propose une proposition de paix « Hoodna », (signifiant calme ou tranquillité est une trêve ou un armistice. Elle est parfois traduite par “cessez-le-feu”.Dans son dictionnaire médiéval d’arabe classique, le Lisan al-Arab, Ibn Manzur l’a défini comme suit : “hadana : il s’est calmé”), à un musulman, il ne peut pas dire non, et c’est l’option qui a été proposée. Plusieurs milliers  de personnes ont quitté la rébellion grâce à un ensemble d’efforts politiques, militaires et religieux.

Il est toujours possible, au sein de notre société, d’établir le dialogue entre deux personnes ou plusieurs personnes afin de prévenir un problème avant qu’il ne devienne trop tard. Les associations commerciales, politiques, religieuses et traditionnelles sont autant d’interactions sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.

Il est crucial de revoir les relations traditionnelles et de reconstruire les liens familiaux qui sont essentiels.

Les échanges fructueux qui ont suivi, ont permis aux auditeurs d’avoir une meilleure compréhension des enjeux en cours dans notre sous-région.

Partager cette publication


×